samedi 20 septembre 2008

la question de la guerre économique

Récession, crise financière, augmentation de la demande des matières premières, hausse du cours des énergies fossiles, réveil de la Russie… voici une rentrée assez violente qui tend plus que jamais à justifier le retour du protectionnisme et de la guerre économique....
En intelligence économique, le courant « guerre économique » est à l'image de l'affinité élective (au sens weberien) qu'entretiennent l'intelligence économique et le renseignement, dont la principale justification est que nous sommes bel et bien en guerre, une guerre économique.
Mais le concept est difficile à cerner, son origine provient non pas de militaires mais de gestionnaires qui l'ont introduit en stratégie financière et en management. Cependant, ce concept n'est pas sans poser un certain nombre de questions.
Tout d'abord, à qui profite cette guerre ? Quels en sont les acteurs, les vaincus et les vainqueurs ? Concerne‐t‐elle les entreprises ou les Etats (ou encore les nations) ? S'agit‐il alors d'être plus productif, plus riche et/ou de jouir d'un rayonnement plus important sur la scène internationale ? L'Etat a‐t‐il seulement les moyens de ces ambitions alors que la mondialisation pousse à la dérégularisation et à la libéralisation des marchés ? Par ailleurs, est ce que le but premier de l'entreprise est vraiment d'anéantir ses concurrents ? N'est‐il pas plutôt de réaliser des profits ?
Sur ce point on comprend bien que les entreprises à l'heure de la mondialisation, ont une certaine responsabilité géopolitique et sociale, car beaucoup ont plus de pouvoirs que certains Etats et ne représentent pas seulement un processus productif…
D'autre part, la réalité de cette guerre est plus applicable (ou plus visible) aux places boursières et aux marchés financiers. Le transfert des capitaux (et ses sommes astronomiques) prend l'image de troupes que l'on dispose sur l'échiquier mondial, les Offre Publique d'Achat des déclarations de guerre, et des parts de marché un territoire que l'on se partage. A cela, viennent se greffer les batailles commerciales (surtout entre multinationales), la signature de gros contrats, notamment pour l'obtention de contrats publics de défense…
L'autre argument revient aux origines de l'économie : les débats sur la rareté chez les classiques et la fixation de la valeur. Il est vrai que nous sommes dans un monde de rareté notamment des ressources naturelles, et pour assurer notre subsistance et avoir le luxe de pouvoir encore ne dépendre énergiquement de personne nous devons combattre… mais les rivalités énergétique sont anciennes, elles sont la cause de la plupart des conflits mondiaux actuels, et l'interdépendance est manifeste, l'autonomie énergétique un leurre.
Ainsi, il faut se protéger… comme la meilleure défense c'est l'attaque, attaquons.
Un certain pan de l'IE joue sur cette psychose, qui n'en est peut être pas une, où
l'intelligence économique n'est rien moins qu'une arme, l'information, une munition.

En ce sens elle est donc promue à s’épanouir aujourd’hui tant le contexte économique est difficile…

A lire notamment :
GWETH Guy, « Peut‐on démystifier l'intelligence économique ? », in Intelligence Competitive &
Strategique en Zone CEMAC, 1 août 2008

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